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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/104

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d’hommes bien faits. Quelque temps après le Roi y arriva, sur le visage duquel il paroissoit une grande satisfaction. Madame la duchesse de Mazarin [1] y dit deux ou trois grandes naïvetés à M. de Roquelaure [2] ; le prince de Courtenai [3], qui en étoit amoureux, en eut tant de honte qu’il en rougit, et que le Roi s’en aperçut ; il se leva avec un emportement de rire d’auprès le prince de Conti [4], et dit à mademoiselle de La Vallière à demi-bas qu’il la remercioit de ne dire que d’agréables choses, et qu’il mourroit s’il lui étoit arrivé la même chose qu’au prince de Courtenai. La Vallière, en riant tout de même, lui dit qu’elle avoit aussi à le remercier d’avoir autant d’esprit qu’il en avoit, et qu’elle sentoit bien qu’elle ne se consoleroit pas, non plus que lui, si un tel malheur lui étoit arrivé. Il est vrai que M. Bussy, qui les entendoit, dit qu’on ne peut traiter plus agréablement et plus malicieusement un chapitre qu’ils firent celui-là.

Cependant madame de Créqui alla trouver Madame au jour qu’elle lui avoit marqué pour leur partie de Saint-Cloud. Elle y trouva Chison, qui étoit venu voir une des filles de Madame qui étoit malade : c’est le médecin de La Vallière, lequel a de l’esprit et du facétieux. Après qu’il eut entendu le mal de cette demoiselle : « Courage,

  1. Voy. plus haut.
  2. Voy. plus haut.
  3. Louis-Charles, prince de Courtenay, comte de Cesy, fils de Louis, prince de Courtenay, et de Lucrèce-Chrétienne de Harlay. Il étoit né le 24 mai 1640 ; il se maria en 1669.
  4. Armand de Bourbon, prince de Conti, frère du grand Condé.