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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/124

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lors que je pense que je suis en état de pouvoir faire des présens au plus grand roi du monde ; car vous voulez bien, mon illustre prince, que je sois persuadée que tout ce qui vous vient de moi vous est agréable, et que vous estimez plus une marque de ma tendresse et de mon amitié que tous les trésors de votre royaume. Pensez un peu, en vous habillant, qu’il n’est pourtant pas besoin d’être magnifique pour me plaire.

Cette lettre plut au Roi, comme tout ce qui vient de La Vallière ; voici ce qu’il lui repartit :

Oui, ma chère mignonne, vous êtes en état de me faire des présens, et je les reçois avec plus de joie de votre main que je ne ferois de tout l’empire de l’univers par celles de tous les hommes ; mais, ma belle enfant, conservez-moi toujours le glorieux don que vous m’avez fait de votre cœur, car c’est celui-là qui m’oblige à regarder tous les autres avec plaisir. Ayez un peu d’envie de me voir avec l’habit que vous me donnez.

Elle en eut une grande commodité, car il le porta plus de quinze jours de suite. Il lui en envoya peu de temps après six merveilleusement riches et superbes, avec une échelle [1] et une ceinture de diamans, afin de monter avec plus de facilité au haut du mont Parnasse, et une veste [2] comme celle de la Reine, qui lui sied fort bien.

  1. Les femmes portoient alors des échelles de rubans, c’est-à-dire des nœuds de rubans fixés par échelons le long du busc ; les diamants remplacent ici les rubans.
  2. « Veste. Espèce de camisole qui est ordinairement d’étoffe de soie, qui va jusqu’à mi-cuisse, avec des boutons le long du devant et une poche de chaque côté. Les vestes étoient, il y a quelques années, plus courtes, et même elles n’avoient point de poches d’homme. » (Richelet.) — Il est à