Aller au contenu

Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Attireront encor la vengeance des Dieux.
Si notre tendre amour n’échauffoit point leurs âmes,
Ils se verroient brûler par d’effroyables flames ;
Les femmes, les maris, les filles, les enfans,
Les hommes les plus saints et les plus innocens,
Se verroient tous les jours exposés à leur rage ;
Ils enfreindroient les loix du plus saint mariage,
Et leur emportement et leur brutalité
Auroit toujours querelle avec l’honnêteté.
Le substitut des Dieux, en sait la conséquence ;
Dessus lui nous avons une entière licence,
Son empire est ouvert à des gens comme nous ;
Par prudence il permet les plaisirs les plus doux ;
La vertu ne nous fait ni de tort ni d’injure
De peur de renverser l’ordre de la nature ;
Dans ce royaume-ci comme dedans le sien,
Le mal que nous faisons se convertit en bien.
Vouloir être plus saint que la sainteté même,
C’est se tromper l’esprit par une erreur extrême,
Et l’on ne doit jamais faire cesser un mal
Quand il en étouffe un qui seroit plus fatal.
Faites donc retirer le bras qui nous oppresse ;
D’un jeune lieutenant[1] que la poursuite cesse ;
Empêchez désormais qu’on ne puisse offenser
Un corps qui sert au Roi plus qu’on ne peut penser :
Car nous entretenons par nos soins salutaires
La moitié de sa garde et de ses mousquetaires,
Et sans nous ces galans emplumés et poudrés,
Qui paroissent toujours plus jolis, plus dorés,
Que n’ont jamais été des hommes de théâtre,
Ces gens que leur habit fait qu’on les idolâtre
Seroient bientôt cassés ou quitteroient demain,

  1. Le lieutenant de police, M. Deffita.