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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/199

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Guiche étoit en Pologne, où il signala fort son courage et s’exerça à l’amour autant qu’il put. Il étoit infiniment considéré à la cour polonoise, où il fit beaucoup de connoissances. La guerre des Turcs contre l’empereur obligea le Roi de France de désirer que sa jeune noblesse allât, avec les secours qu’il donnoit, servir de volontaires dans cette guerre si importante à toute l’Europe.

Le comte de Guiche y fit si bien qu’en considération de ses services et des brigues que le maréchal son père et le chancelier [1], aïeul de sa femme, avoient faites pour détromper l’esprit du Roi, il consentit qu’il revînt à la cour, après qu’on lui eût assuré qu’il avoit regret de lui avoir déplu. Enfin il y fut parfaitement bien reçu. Monsieur même lui témoigna de l’amitié [2]. Il ne tarda guère à renouveler ses anciennes amours avec d’Olonne et les autres ; mais il garda pour Madame de certaines mesures qui furent assez cachées et assez secrètes. Il s’habilloit tantôt d’une manière et tantôt d’une autre [3], et sa conduite étoit si adroite que Monsieur n’en prenoit

  1. Le chancelier Seguier, père de Charlotte Seguier, qui, de son mariage avec Maximilien-François, duc de Sully, eut une fille, Marguerite-Louise-Suzanne de Béthune, femme du comte de Guiche.
  2. « Le comte de Guiche revint donc en France et alla trouver le Roi à Marsal (au siége de Marsal), qui le reçut favorablement ; et Monsieur le traita comme il devoit, c’est-à-dire avec quelque froideur. Le comte de Guiche, à son retour, montra vouloir observer les ordres qu’il avoit reçus (de ne pas se montrer aux lieux où seroit Madame) avec exactitude. Monsieur crut être obéi… (Mém. de Mottev., anno 1665.)
  3. Voyez ci-dessus, p. 64.