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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/222

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sans me presser davantage, et attendez du temps et de la fortune quelque chose de mieux, et vous souvenez surtout de votre parole ; si vous ne l’oubliez pas, je m’en souviendrai. — Non certainement, Mademoiselle, dit M. le comte de Lauzun, je ne l’oublierai pas, et lorsque Votre Altesse Royale me fera la grâce de m’en demander des preuves, elle verra de quelle manière je sais exécuter ce que j’ai une fois résolu. Et pour mieux lui marquer ma sincérité, je vais dès à présent lui donner le moyen de m’éprouver. Vous savez, Mademoiselle, que je suis assez heureux pour être bien dans l’esprit de mon Roi, et qu’il se passe peu de choses à la Cour que je ne sache des premiers, de façon, Mademoiselle, que je prétends, si vous m’honorez de votre confidence, vous instruire de tout. Je ne vous parle point de secret : Votre Altesse Royale n’a jamais manqué de prudence dans les occasions les plus pressantes ; ainsi j’ai lieu de m’assurer là-dessus. Enfin, Mademoiselle, vous êtes aimée du Roi, et le serez encore davantage si vous voulez témoigner quelque empressement pour lui ; vous serez de sa table, et la première dans tous ses plaisirs ; le Roi sera ravi de vous posséder. Vous êtes une princesse à marier : indubitablement Sa Majesté ne manquera pas à vous pourvoir selon votre rang, s’il ne peut suivant votre mérite. Pour ce qui est de moi, Mademoiselle, Votre Altesse Royale peut compter là-dessus, comme sur une personne qui lui est entièrement dévouée ; et je vous proteste, Mademoiselle, que je ne laisserai jamais passer un moment où il s’agira de votre intérêt, sans faire tout ce qui me sera possible, soit vers le Roi