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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/246

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pour ne s’éloigner pas de Mademoiselle, partit sur l’heure, sans s’arrêter un moment ; il s’en alla chez cette princesse, qui, le voyant entrer en sa chambre avec un visage gai et qui marquoit un esprit content, lui dit : « Vous voilà donc, Monsieur ? Apparemment vous avez reçu du Roi ce que vous lui avez demandé ? — Il est vrai, Mademoiselle, répondit M. de Lauzun après avoir fait une grande révérence et s’être approché un peu plus près, je viens d’être créé chevalier tout présentement, et je viens exécuter ma promesse dès ce matin, et mon premier ordre. — Nous l’aurons donc, dit Mademoiselle en riant, qui sans doute s’imaginoit bien la vérité de la chose. — Oui, Mademoiselle, répondit-il, et je vais vous l’apprendre en peu de mots. Votre Altesse Royale, continua-t-il, peut, s’il lui plaît, se préparer à prendre les armes ; le Roi, ayant dessein de vaincre tous les Flamands, s’est avisé de les attaquer avec des armes auxquelles ils ne puissent pas résister, et c’est pour cela que Sa Majesté veut faire ce voyage dont j’ai eu l’honneur de vous parler ce matin. Et comme, dans la dernière campagne qu’il fit dans le pays de ses ennemis, il ne put étendre ses conquêtes que sur quelques provinces, il a résolu de ne les point quitter qu’il n’en soit le maître absolu, et l’ordre que j’ai reçu de Sa Majesté est qu’elle vous prie de vous disposer à l’accompagner. C’est de Votre Altesse Royale qu’il espère ses principales forces ; il m’a commandé de vous exhorter de sa part à ne le pas abandonner dans un dessein si grand et si important. »

Notre amoureux comte disoit si agréablement