Aller au contenu

Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

rendre. Votre réponse à ma lettre m’a fait tous les plaisirs imaginables, et je vous avoue que je n’y ai rien trouvé de déplaisant que l’article du cloître, où je vous saurois mauvais gré d’entrer sans ma participation. Si même une communauté vous renfermoit sans que j’y eusse contribué, j’y ferois mettre le feu, s’entend après vous en avoir fait sortir. Ainsi, prenez garde à ce que vous ferez. Je vous aime d’une amitié inviolable, d’une amitié si forte, que je vous déclare devant ces messieurs que je n’aurai de reine que vous. Si le parti vous convient, parlez, l’affaire sera bientôt terminée. — Votre Majesté, reprit-elle, m’honore infiniment de me dire ce qu’elle me dit ; mais je ne suis point assez heureuse pour me promettre de devenir l’épouse du plus grand Roi du monde, ni assez malheureuse pour être sa maîtresse. — Quoi ! ma reine, dit le Roi en se jetant à son col, vous doutez de la sincérité de mon exposé et de mes sentiments pour vous ! J’aime votre esprit et je respecte votre corps, je l’admire, et l’un et l’autre me rend sensible. Je ferai usage des deux sitôt que vous aurez agréé la bénédiction nuptiale de mon grand aumônier. Voyez si vous voulez que nous la recevions ensemble. Il nous faut battre le fer pendant qu’il est chaud. — S’il est chaud aujourd’hui, Sire, repartit-elle, demain il pourra être froid, et de plus j’ai eu l’honneur d’écrire à Votre Majesté qu’il y auroit trop de disproportion entre elle et moi pour devoir croire que je suis digne de l’honneur qu’elle témoigne me vouloir faire. Toutes les têtes couronnées s’opposeroient à une telle union, et les intérêts des États de Votre Majesté y persisteroient. Non,