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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/303

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et les divertissemens. Quoique leur mariage eût moins été d’affection que d’obéissance, le jeune M. de Bagneux se croyoit le plus heureux des hommes de posséder une personne si accomplie ; et sa femme n’oublioit rien de toutes les choses à quoi elle croyoit être obligée par son devoir, pour lui faire connoître qu’elle étoit aussi très-contente.

Quelque temps après qu’ils furent mariés, elle eut une légère indisposition, pour laquelle les médecins lui ordonnèrent de se baigner. Elle résolut d’aller à une maison que son mari avoit, qui n’étoit qu’à deux lieues de Paris, proche de la rivière, la saison et le temps étant propres alors à prendre le bain.

Elle fit amitié avec une dame nommée madame de Vandeuil [1], qui avoit aussi une maison en ce lieu-là. Un jour que le temps étoit extrêmement beau, des amis du mari de cette dame et d’elle les y allèrent voir. Comme ce lieu étoit proche de Paris, ils y arrivèrent avant la chaleur, et, pour profiter du temps, on alla d’abord se promener.

Du jardin l’on sortit sur le bord de la rivière, qui n’en étoit séparée que par une balustrade, et, insensiblement s’étant éloignés de la maison de madame de Vandeuil, on arriva en un lieu qui étoit derrière celle de madame de Bagneux, où elle se promenoit entre des saules.

Quoiqu’elle fût négligée, sa beauté et son air

  1. La maison de Vandeuil étoit de Picardie. Un arrêt du mois de décembre 1666 maintient dans leur noblesse : Louis de Vandeuil, seigneur du Crocq ; ses deux neveux, Timoléon de Vandeuil, seigneur de Condé, et Alexandre, seigneur de Forcy ; puis enfin François de Vandeuil, cousin de ceux-ci, seigneur d’Étailfay. Nous ne savons duquel de ceux-ci étoit femme cette dame de Vandeuil dont il est parlé ici.