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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/310

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promener dans le jardin de l’hôtel. Elle fut bien surprise, quelques jours après son retour, d’y voir le chevalier de Fosseuse, qui y avoit été tous les jours depuis qu’il l’avoit vue, s’étant bien douté que c’étoit le lieu où il pourroit la voir plus tôt. Voyant qu’elle étoit seule, il l’aborda ; il lui dit qu’il avoit attendu, avec une impatience digne de la passion qu’il avoit osé lui faire connoître, le bonheur de la revoir, et que, si, pendant le temps qu’il n’avoit pu avoir ce bonheur, elle lui avoit fait la grâce de penser quelquefois à lui, il ne croyoit pas la pouvoir remercier jamais assez de ses bontés.

D’abord elle suivit la résolution qu’elle avoit prise : malgré l’émotion qu’elle avoit sentie à la vue du chevalier de Fosseuse, elle lui répondit, affectant un ton de colère, que, si elle lui avoit dit des choses qui l’avoient flatté, lorsqu’il avoit eu la hardiesse de venir dans sa chambre, ce n’avoit été que pour le faire retirer sans éclat, et qu’elle étoit bien étonnée de le voir appréhender si peu son ressentiment et qu’il osât encore se présenter devant elle.

Le chevalier de Fosseuse fut surpris étrangement de cette réponse. « Ah ! Madame, lui dit-il avec une tristesse horrible, pourquoi est-ce que je ne mourus pas ce jour-là en sortant de votre chambre ? J’aurois cru mourir au moins sans toute votre haine, et aurois cru mourir heureux. »

Ces paroles, accompagnées d’un air le plus

    fontaine jaillissante, ayant à côté une place où le roi et les princes venoient assez souvent joûter. Outre ce grand jardin, il y en avoit encore d’autres plus petits. » (Liv. VII, t. 2, p. 216.)