Aller au contenu

Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/345

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il n’y eut jamais d’état pareil à celui où se trouvèrent alors madame de Bagneux et le chevalier de Fosseuse. Madame de Bagneux en fut accablée, comme un dernier coup de malheur, lequel étoit inévitable, ne voulant rien faire qui pût découvrir sa crainte à madame de Vandeuil. Et le chevalier de Fosseuse fut rempli d’une douleur extraordinaire, considérant en quel danger il étoit cause que la personne qu’il adoroit étoit exposée.

Voyant qu’il falloit que M. de Bagneux le trouvât avec sa femme, s’il ne sortoit promptement, il prit congé de madame de Vandeuil. M. de Bagneux, qui avoit suivi celui qu’il avoit envoyé, n’étoit qu’à deux pas du logis de cette dame, lorsque le chevalier de Fosseuse en sortit. Le trouble où il étoit redoubla à la vue de M. de Bagneux, qui eut de son côté une surprise infinie, laquelle se tourna dans le même moment en fureur. S’il eût eu des armes, il eût tâché au péril de sa vie de se venger du chevalier de Fosseuse, et il eut alors un sensible regret d’avoir pris une profession qui le faisoit trouver en cette occasion hors d’état de se satisfaire.

Transporté d’une rage incroyable, il retourna sur ses pas chez lui et alla à la chambre de sa femme, où il fit mille menaces, et s’emporta en des termes d’un cruel ressentiment, comme si elle eût été présente.

Madame de Bagneux avoit vu sortir le chevalier de Fosseuse, et, voyant que son mari n’étoit point entré, sa crainte s’étoit changée en une certitude de ce qui étoit arrivé. Sentant qu’elle ne pouvoit demeurer davantage chez madame