Aller au contenu

Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/365

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Même gens de galant métier,
Pour tromper tant de sentinelles,
Elle prend celui des Tournelles,
Et sans avoir d’autre raison,
Elle abandonne sa maison ;
Puis prend la rue de Vienne,
Quartier plus propre à la fredaine,
Et déjà beaucoup plus fameux
Pour tous les larcins amoureux.
Bien que personne ne la suive,
Elle ne se croit pas oisive :
Messieurs Paget[1] et Monerot[2]
Y furent bientôt pris au mot.
Dès aussitôt qu’ils l’eurent vue,
Et l’un et l’autre d’eux se tue
De lui faire mille présents.
Elle, pour les rendre contents,
De peur que l’un des deux s’offense,
Avoit beaucoup de complaisance ;
Elle prenoit à toute main,
Croyoit qu’il eût été vilain
De refuser avec audace
Des présents faits de bonne grâce.
Ils avoient dans leur passion
Tous deux de l’émulation :
Si l’un envoyoit une table
D’une fabrique inimitable,
L’autre renvoyoit dès le soir
Un parfaitement beau miroir ;
Si l’un d’eux chômoit une fête,
L’autre se mettoit dans la tête

  1. Maître des requêtes, puis intendant des finances. Voy. t. 1, p. 16, et Dictionnaire des Précieuses, t. 2, p. 318.
  2. Partisan fameux, comme Paget.