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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/373

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Qu’elle alla loger dans le Louvre,
Et sans savoir quasi pourquoi
On la voit bien auprès du Roi.
D’autres n’en disent pas de même,
Disant que c’est elle qui l’aime,
Et qu’elle s’efforce en tous lieux
De se trouver devant ses yeux ;
Que d’une manière obligeante,
Près de lui fait toujours l’amante,
Et que, redoublant ses appas,
Fait très souvent le premier pas.
La raison sur quoi l’on se fonde,
C’est que le plus grand Roi du monde,
Qui d’un regard peut tout charmer,
Et qui n’a, pour se faire aimer,
Qu’à jeter l’œil sur la plus belle,
Qui ne connoît point de cruelle,
Ne voudroit pas faire un tel choix.
Lors l’on entendit une voix,
Qui dit d’un ton digne de marque,
Nous parlant de ce grand monarque :
« Hélas ! pourquoi s’en étonner,
Puisqu’on le veut abandonner
Aux caresses d’une importune
Qui n’étoit plus bonne fortune,
Et qui désormais au cercueil
Ne peut entrer qu’avec un œil[1] ? »
Une raison si convainquante
Fit que l’on eut bien de la pente
À croire que ce Roi fameux
Pourroit bien répondre à ses vœux,

  1. Madame de Beauvais, une des premières femmes qui s’attachèrent à le séduire, étoit borgne.