Aller au contenu

Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pour l’accomplissement de ce mariage qu’il résolut de rompre pour toujours un commerce dont il craignoit que les suites ne fussent pas heureuses : de sorte qu’il ménagea un prince étranger [1] pour le fait duquel la connoissance

    comme dans toute sa conduite auprès du roi, du plus parfait désintéressement. Toutes ses lettres prouvent non seulement qu’il s’est toujours opposé à un mariage qui auroit empêché l’union de la France et de l’Espagne, mais aussi qu’il cherchoit à former le jeune Roi aux affaires, loin de l’en éloigner, comme on l’a tant dit ; on trouvera dans sa correspondance plusieurs passages comme ceux qui suivent. Le 22 août, il dit à la Reine : « Vous verrez ce que j’escris à M. Le Tellier sur ce sujet, et surtout ce qui se passe icy, prenant la peine de lui escrire jusques à la moindre chose en destail, affin que le Confident (le Roi) en soit informé et s’instruise comme il faut, et luy mesme mette la main à ses affaires ; c’est pourquoi il seroit bon qu’il fît lire plus d’une fois mes depesches, et qu’il se fît expliquer certaines choses que peut-estre il n’entendra pas bien. » Le 26 août 1659 il lui dit encore : « Je suis ravy de ce que vous me mandés de l’application du Confident aux affaires ; car je ne souhaite rien au monde avec plus de passion que de le voir capable de gouverner ce grand royaume. » Au Roi lui-même il disoit (lettre du 16 juil. 1659) : « Je vous avoue que je ressens une peine extrême d’apprendre, par tous les avis qui se reçoivent généralement de tous costez, de quelle manière on parle de vous dans un temps que vous m’avez fait l’honneur de me déclarer que vous étiez résolu d’avoir une extrême application aux affaires, et de mettre tout en œuvre pour devenir en toutes choses le plus grand roy de la terre. » Dans une lettre du 23 juillet, il fait au roi le même reproche, avec la même sévérité. Comment donc croire que le Cardinal ait tenu le Roi loin des affaires ? Il est certain d’ailleurs que plus il les eût connues, plus il eût approuvé la politique de son ministre.

  1. Le connétable Colonna. (Note du manuscrit.) — Voy. le Dictionnaire des Precieuses, 2e vol., au mot Mancini. — La cérémonie des fiançailles avoit eu lieu le 9 avril 1661 et le mariage s’étoit célébré le 11, par procureur, dans la chapelle de la Reine. (Gaz. de France.)