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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/380

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favori du grand Alcandre, homme d’une taille peu avantageuse et d’une mine fort médiocre, mais qui récompensoit ces deux défauts par deux grandes qualités, c’est-à-dire par beaucoup d’esprit et par un je ne sais quoi qui faisoit que quand une dame le connoissoit une fois elle ne le quittoit pas volontiers pour un autre. D’ailleurs la faveur où il étoit auprès du Roi le rendoit recommandable ; si bien que madame de Montespan, qui avoit ouï parler de ses belles qualités, et qui vouloit savoir par expérience si on ne lui en donnoit point plus qu’il n’en avoit effectivement, ne dédaigna pas les offres de service qu’il lui fit. Cependant, comme il y avoit beaucoup de politique mêlée avec sa curiosité, elle le fit languir pendant cinq ou six semaines sans lui vouloir accorder la dernière faveur ; et pendant qu’elle le faisoit attendre, il arriva une affaire à ce favori qui le devoit perdre auprès de son maître, s’il n’eût été plus heureux que sage.

Le grand Alcandre, tout élevé qu’il étoit par dessus les autres hommes, n’étoit pas d’une autre humeur ni d’un autre tempérament que les hommes