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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/393

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tours dans Paris, on le conduisit dans un appartement superbe, où on lui ôta son bandeau.

On ne lui donna pas cependant le temps de considérer le lieu ; et devant que de lui laisser voir clair, une fille qui étoit dans la chambre éteignit les bougies ; après quoi le grand Alcandre, qui s’étoit caché sous le rideau du lit, lui dit de se rassurer et de ne rien craindre. Clément lui répondit qu’il ne craignoit rien ; et, s’étant approché, il tâta la malade, et voyant que l’enfant n’étoit pas encore prêt à venir, il demanda au grand Alcandre, qui étoit auprès de lui, si le lieu où ils étoient étoit la maison de Dieu, où il n’étoit permis ni de boire ni de manger ; que pour lui, il avoit grand faim et qu’on lui feroit plaisir de lui donner quelque chose.

Le grand Alcandre, sans attendre qu’une des deux femmes qui étoient dans la chambre s’entremît de le servir, s’en fut en même temps lui-même à une armoire, où il prit un pot de confitures qu’il lui apporta ; et, lui étant allé chercher du pain d’un autre côté, il le lui donna de même, lui disant de n’épargner ni l’un ni l’autre, et qu’il y en avoit encore au logis. Après que Clément eut mangé, il demanda si on ne lui donneroit point à boire. Le grand Alcandre fut quérir lui-même une bouteille de vin dans l’armoire avec un verre, et lui en versa deux ou trois coups l’un après l’autre. Comme Clément eut bu le premier coup, il demanda au grand Alcandre s’il ne boiroit point bien aussi ; et le grand Alcandre lui ayant répondu que non, il lui dit que la malade n’en accoucheroit pourtant pas si bien, et que,