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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/399

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le duc de Lorraine cédât ses prétentions à quelqu’un qui lui rendît foi et hommage de la duché de Lorraine.

Le grand Alcandre ayant approuvé la chose, M. de Lauzun lui découvrit que, dans la pensée qu’il avoit eue de lui rendre ce service, il avoit écouté quelques propositions de mariage qui lui avoient été faites de la part de mademoiselle de Montpensier, par l’entremise de sa sœur ; qu’il lui demandoit pardon s’il ne l’en avoit pas averti plus tôt, mais qu’il avoit cru ne le pouvoir faire qu’il n’eût tâché auparavant de mettre les choses en état de réussir ; que c’étoit à lui à approuver ce mariage, qui, tout extraordinaire qu’il paroissoit, n’étoit pas néanmoins sans exemple ; que ce ne seroit pas là la première fois que des mortels se seroient alliés au sang des Dieux, et que l’histoire lui apprenoit que beaucoup de personnes qui n’étoient pas de meilleure maison que lui étoient arrivées à cet honneur.

Le grand Alcandre fut surpris de cette proposition, qui lui parut bien hardie pour un homme de la volée de M. de Lauzun. Cependant, faisant réflexion sur ce que ce n’étoit pas là la première fois qu’une princesse du sang royal auroit épousé un simple gentilhomme, et sur les avantages qu’il pouvoit retirer lui-même de cette alliance, il s’accoutuma bientôt à en entendre parler. Madame de Montespan, que M. de Lauzun avoit engagée dans ses intérêts, trouvant le grand Alcandre déjà bien ébranlé, sut lui représenter si adroitement qu’il n’y avoit point de différence en France entre les gentilshommes, quand ils étoient une fois ducs et pairs (ce qui lui étoit aisé de faire en faveur