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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/401

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ce que j’ai touché ci-devant, savoir, qu’il y avoit beaucoup d’autres gentilshommes à qui l’on avoit accordé la même grâce, tellement que, le grand Alcandre paroissant se laisser aller à leurs prières, il leur répondit qu’il vouloit bien, à leur considération, comme étant de la première noblesse de son royaume, que leur parent eût l’honneur d’épouser mademoiselle de Montpensier, mais qu’il vouloit cependant savoir d’elle-même si elle se portoit volontiers à cette alliance, ce qu’il ne savoit pas encore tout à fait.

On fit donc entrer en même temps cette princesse, qui, sans considérer que ce n’étoit guère la coutume que les femmes demandassent les hommes en mariage, pria le grand Alcandre de lui permettre d’épouser M. de Lauzun. À quoi le grand Alcandre s’étant opposé d’abord, mais d’une manière à lui faire voir seulement qu’il vouloit sauver les apparences, la princesse réitéra ses prières, et obtint enfin ce qu’elle demandoit.

La nouvelle de ce mariage fit grand bruit, non-seulement dans tout le royaume, mais encore beaucoup plus loin, chacun ne se pouvant lasser d’admirer les effets de la fortune qui favorisoit tellement un homme qui en paroissoit si indigne, qu’ôté ses vertus cachées, il y en avoit cent mille dans le royaume qui valoient beaucoup mieux que lui.

Cependant, quoiqu’il eût beaucoup d’esprit, il fit une grande faute en cette rencontre ; car, au lieu d’épouser mademoiselle de Montpensier au même temps, il s’amusa à faire de grands préparatifs pour ses noces ; et, cela les retardant de