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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/404

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tous deux dans un cabinet, ils y appelèrent la comtesse de Nogent en tiers, qui leur confirma qu’ils ne pouvoient prendre une résolution plus avantageuse au bien de leurs affaires et à leur contentement. On dit même qu’elle fut d’avis qu’ils devoient consommer leur mariage d’avance, et, comme ils déféroient beaucoup à ses avis, la chose fut exécutée sur-le-champ. Après cela on convint, dans ce conseil d’amour, que la princesse iroit trouver le grand Alcandre, pour essayer si elle ne pourroit point lui faire changer de sentiment ; et en effet, elle monta en carrosse en même temps pour y aller.

Le grand Alcandre, étant averti qu’elle demandoit à lui parler en particulier, se douta bien de ce que ce pouvoit être ; et, quoiqu’il ne fût pas résolu de lui accorder sa demande, comme il ne pouvoit honnêtement se dispenser de lui donner audience, il la fit entrer dans son cabinet, après en avoir fait sortir tous ceux qui y étoient avec lui. La princesse se jeta là à ses pieds ; et, se cachant le visage de son mouchoir, moins cependant pour essuyer ses larmes que pour cacher sa confusion, elle lui dit qu’elle faisoit là un personnage qui la devoit combler de honte, si lui-même ne lui avoit donné de la hardiesse, approuvant comme il avoit fait les desseins de M. de Lauzun ; que c’étoit sur cela qu’elle avoit pris des engagemens qu’il lui étoit difficile de rompre ; que, quoiqu’il ne fût pas trop bienséant à une personne de son sexe de parler de la sorte, le mérite de M. de Lauzun, à qui il n’avoit pu refuser lui-même ses affections, pouvoit bien lui servir d’excuse ; qu’enfin, quiconque considéreroit