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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/406

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de la princesse, que M. de Louvois [1], ennemi juré de M. de Lauzun, avoit gagné pour l’avertir de tout ce qui se passeroit dans sa maison [2]. Le grand Alcandre en témoigna une grande colère. M. de Louvois et madame de Montespan, qui étoient d’intelligence ensemble pour l’abaissement de M. de Lauzun, tâchèrent encore de l’animer davantage ; car il faut savoir que M. de Lauzun avoit maltraité M. de Louvois en plusieurs rencontres, et que ce ministre, qui commençoit déjà à entrer en grande faveur, cherchoit à s’en venger par toutes sortes de moyens.

  1. « M. de Louvois et M. Le Tellier, son père, avoient toujours été fort contraires à M. de Lauzun : celui-ci ne lui avoit jamais pardonné l’amour qu’il avoit eu pour sa fille, madame de Villequier ; pour l’autre, qui vouloit être le maître de la guerre, et que toutes les charges qui la regardoient et les commandements dépendissent de lui, il ne pouvoit souffrir la grande ambition de M. de Lauzun, qui vouloit pousser sa fortune par là et qui étoit incapable de se soumettre à lui. La grande inclination que le Roi avoit pour lui, tout cela lui donnoit beaucoup de jalousie contre M. de Lauzun. On disoit que c’étoit lui qui avoit empêché qu’il ne fût grand maître de l’artillerie, lorsque le comte de Lude le fut. Ils avoient eu mille démêlés ensemble, et M. de Lauzun prenoit toujours les affaires d’une grande hauteur ; ainsi on l’accusoit fort d’avoir contribué à sa prison. » (Mém. de Montp., t. 6, p. 346.)
  2. On a tout lieu de penser que la sœur même de Lauzun, madame de Louvois, étoit gagnée par Louvois et trahissoit son frère. « S’ils croyoient, disoit Lauzun, parlant d’elle et de son mari, que j’eusse de l’argent dans les os, ils me les casseroient. » Mademoiselle dit ailleurs : « Quoique M. de Louvois ne fût pas ami de M. de Lauzun, madame de Nogent a toujours continué de commercer avec lui ; et j’ai su qu’elle lui avoit promis, peu de temps après sa prison, qu’elle ne feroit jamais rien pour sa liberté sans son ordre, et que si je voulois agir pour cela et qu’elle en eût connoissance, il en seroit averti. » (Mém., VI, 344 et 345.)