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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/428

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de ses garçons à Maintenon, où elle avoit résolu d’aller accoucher. Elle passa là pour une des bonnes amies de la marquise de Maintenon [1], si bien que le garçon qui l’accoucha ne sut pas qu’il avoit accouché la maîtresse du grand Alcandre.

Cependant, pour revenir au duc de Longueville, comme il n’épioit, comme j’ai déjà dit, que l’occasion de se venger de d’Effiat, il fut obligé de se préparer à suivre le grand Alcandre, qui avoit déclaré la guerre aux Hollandois. Cette campagne fut extrêmement glorieuse à ce grand prince, mais fatale à ce duc : car, s’étant amusé à faire la débauche une heure ou deux avant que le grand Alcandre fît passer le Rhin à ses troupes, le vin lui fit tirer mal à propos un coup de pistolet contre les ennemis, qui parloient déjà de se rendre ; ce qui fut cause que ceux-ci firent leur décharge sur lui et sur les principaux de l’armée du grand Alcandre, dont il y en eut beaucoup de tués, et lui entre autres, qui étoit cause de ce malheur [2].

La nouvelle en étant portée à Paris, la maréchale en pensa mourir de douleur, aussi bien que plusieurs autres dames [3] qui prenoient intérêt

  1. Nous parlerons plus loin de madame de Maintenon, dans les notes de l’historiette qui lui est consacrée.
  2. Il fut tué le 12 juin 1672, près du fort de Tolhuis, et par sa faute, au moment où il alloit être nommé roi de Pologne. Madame de Sévigné (Lettre du 20 juin 1672) le dit expressément, d’accord avec toutes les relations. Là aussi moururent le comte de Nogent, beau-frère de Lauzun, le marquis de Guitry et un grand nombre d’autres gentilshommes.
  3. Mademoiselle de Montpensier dit « qu’il étoit fort aimé des dames. Madame de Thianges étoit fort de ses amies, la