Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/439

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dit que s’il l’avoit vue décoiffée il les trouveroit encore bien plus à son gré ; que quand il voudroit, elle lui donneroit cette satisfaction ; et baissant en même temps la tête pour lui faire voir la quantité qu’elle en avoit, elle mit sa main dans un endroit que la bienséance m’empêche de nommer, pendant que le prince considéroit sa tête, sans penser peut-être à ce qu’elle faisoit.

Comme ce prince étoit beaucoup plus jeune qu’il n’est aujourd’hui, l’action de la duchesse de La Ferté lui fit plus de honte qu’à elle-même, et, se retirant en arrière, sa confusion augmenta quand il vit que sa chemise sortoit et qu’il la lui falloit raccommoder. La rougeur qui parut en même temps sur son visage, avec quelques autres circonstances qu’on remarqua, firent concevoir que la dame n’avoit pas perdu son temps pendant qu’elle s’étoit baissée ; mais, n’en paroissant pas plus étonnée pour cela, elle dit à ce prince, qui raccommodoit sa chemise, que cela n’étoit guère honnête de faire ce qu’il faisoit devant les dames, et que si son mari survenoit par hasard, cela seroit capable de lui donner de la jalousie.

Le prince ne lui donna pas lieu de poursuivre la conversation, dont la matière lui étoit désagréable ; tellement qu’après s’en être allé, elle fut dire à deux ou trois dames qui lui ressembloient qu’elle venoit de voir un homme qui n’étoit pas homme ; et, comme on ne savoit ce qu’elle vouloit dire par là et que cependant on vouloit le savoir, elle dit qu’elle venoit de voir le fils du grand Alcandre, qui ne seroit jamais le fils de son père. On la pressa d’expliquer cette