Aller au contenu

Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/451

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

connoissance ; mais s’il m’est permis d’en juger par les circonstances qui suivirent, je dirai qu’il falloit qu’il fût grand, car, voyant L’Avocat arriver avec une bourse, elle l’embrassa, non pas tendrement, mais avec des apparences du moins d’une grande tendresse. L’Avocat en étant excité à des choses qui surpassoient, ce me semble, ses forces naturelles, il chercha à ne pas laisser échapper une occasion qui ne se présentoit pas tous les jours chez lui, et à laquelle la duchesse ne faisoit aucune résistance.

Enfin, soit que la duchesse ne se souvînt plus du régime de vivre que le chirurgien lui avoit ordonné, ou qu’elle s’imaginât d’avoir quelqu’un entre ses bras de plus agréable que L’Avocat, elle ne voulut pas avoir quelque chose pour rien, et lui donna des faveurs au lieu de son argent. Comme L’Avocat n’étoit pas importun sur l’article, il se contenta de ce témoignage d’amour de la duchesse, sans lui en demander d’autres. Après cela il se retira chez lui le plus content du monde ; et, ne s’entretenant que des grandeurs où il étoit appelé, il en devint encore plus fou et encore plus vain qu’à l’ordinaire.

Cependant, comme il avoit soin de sa santé et qu’il avoit ouï dire que l’excès en toutes choses est nuisible, il fut trois ou quatre jours sans retourner chez la duchesse, au bout desquels il commença à s’apercevoir qu’on tomboit malade souvent lorsqu’on en avoit le moins d’envie. Il eut peine à croire d’abord ce qu’il voyoit ; mais enfin, sachant que les plus incrédules avoient cru quand ils avoient vu, il commença à se laisser persuader qu’il en pouvoit bien être quelque