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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/471

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à la femme de Monsieur une fille d’honneur dont la beauté causa bientôt des désirs à tous les courtisans et de la jalousie à toutes ses compagnes. Elle étoit d’une taille ravissante, si bien que la médisance, qui a coutume de mordre sur toutes choses, se trouva en défaut à ce coup-là. De fait, tout ce qu’il y avoit de gens de l’un et de l’autre sexe fut obligé d’avouer qu’il n’avoit jamais rien vu de si accompli. Le grand Alcandre, qui aimoit alors madame de Montespan, plutôt par habitude que par délicatesse, ne l’eût pas plutôt vue qu’il en fut charmé. Mais comme il ne vouloit plus faire l’amour en jeune homme, mais en grand roi, il lui fit parler par un tiers ; et afin que ses offres de service fussent mieux reçues, il les accompagna d’un fil de perles et d’une paire de boucles d’oreilles de diamans de grand prix.

Cependant, madame de Montespan étoit dans des alarmes mortelles que cette jeune beauté ne lui enlevât le cœur de ce prince, avec qui elle avoit eu du bruit il n’y avoit que peu de jours : car, prétendant qu’il la dût toujours traiter comme il avoit fait dans le commencement, elle lui avoit reproché qu’il n’avoit plus de complaisance pour elle. Comme il étoit assez naturel, et qu’il n’aimoit pas à être gêné, il lui avoit répondu franchement qu’il y avoit trop longtemps qu’ils se connoissoient pour observer tant de cérémonies ; ce qui avoit été cause qu’elle s’étoit emportée, même jusqu’à lui dire des choses fort

    comme toutes les premières éditions de ce pamphlet, a été ensuite reporté, à tort, dans l’histoire de mademoiselle de Fontanges, qu’on lira plus loin. Il finit page 464.