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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/61

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Roi et le Roi aime La Vallière. Sur ces entrefaites, il tomba malade à Versailles : pendant sa maladie il rêva continuellement à sa maîtresse, qui ne vouloit pas le voir de peur de le mettre dans le péril. Après qu’il n’y eut plus rien à craindre, monsieur de Saint-Aignan, par l’ordre du Roi, l’alla quérir ; mais, comme ils arrivèrent, la chambre étoit toute pleine de monde, de sorte qu’il fallut qu’elle restât dans la prochaine ; et d’abord que le duc parut dans celle du Roi, qui lui fit connoître que La Vallière étoit proche, le Roi, se voulant défaire de la compagnie, fit civilité à Monsieur le Prince [1] en lui disant qu’il étoit nécessaire qu’il vît et qu’il fît réponse à un paquet qu’on venoit de lui apporter, et par ce moyen ne différa pas un moment la vue de La Vallière. « Hélas ! lui dit-elle en entrant, d’un ton le plus tendre du monde, la fortune me redonne mon cher prince. — Oui, mon bel enfant, pour vous aimer avec plus d’ardeur que jamais. » Il lui montra la lettre qu’elle lui avoit écrite, et qu’il portoit sur son cœur ; elle étoit conçue en ces termes :

BILLET. Tout le monde dit que vous êtes fort mal ; peut-être n’est-ce que pour m’affliger. L’on dit aussi que vous êtes inquiet de ce dernier bruit [2] : dans ces troubles, je vous demande la vie de mon amant et j’abandonne l’État et

    palais de la reine, le 21 mai 1707, à l’âge de cinquante-neuf ans. (Voy. la Gazette), Elle étoit donc née en 1648.

  1. Le prince de Condé.
  2. Var. : Au lieu de cette phrase on lit dans la copie