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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/63

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Mais pour en revenir à la maladie du Roi, qui fut plus violente que longue, il faut savoir qu’au retour de sa santé il n’y eut pas de femme à la cour qui ne travaillât à lui donner de l’amour. Madame de Chevreuse, dont la personne est le tombeau des plaisirs, après en avoir été le temple, ne pouvant plus rien pour elle, produisit madame de Luynes [1], qui est une des plus belles femmes de France, mais peu ou point d’esprit. Madame la duchesse de Soubise [2], dont les yeux vont tous les jours à la petite guerre, n’y réussit pas mieux que la Princesse Palatine [3] et madame

  1. Jeanne Marie Colbert, fille aînée du ministre, épousa, le 3 février 1667, Charles Honoré d’Albert, duc de Luynes, fils de Louis Charles d’Albert, duc de Luynes, de Chevreuse et de Chaulnes, et de sa première femme, Marie Seguier, fille du chancelier. Louis Charles d’Albert, le beau père de Jeanne Marie Colbert, étoit fils de Charles d’Albert, duc de Luynes, et de Marie de Rohan, la fille aînée d’Hercule de Rohan-Montbazon, depuis duchesse de Chevreuse. Les Mémoires de Brienne regardent la disgrâce de Fouquet comme « la dernière affaire » de madame de Chevreuse. Il répugneroit par trop de penser que cette affaire ait été suivie d’une intrigue aussi odieuse que celle dont il s’agit, et aussi improbable, dans la première année, dans les premiers mois, du mariage de son petit-fils.
  2. Anne de Rohan-Chabot, qui épousa en 1663 François de Rohan, prince de Soubise, fils aîné de la seconde femme d’Hercule de Rohan-Montbazon : il étoit donc, par son père, frère de la duchesse de Chevreuse. Anne de Rohan-Chabot étoit fille de Henri Chabot et de cette Marguerite de Rohan dont la mère, née Sully, soutint contre elle un si scandaleux procès au sujet de Tancrède, « vil enfant de la terre, fruit du libertinage de quelque valet », comme dit Patru dans son plaidoyer. (Voy. notre édit. de Saint-Amant, I, 457, Bibliot. elzev.)
  3. La Princesse Palatine dont il est ici question n’étoit pas Anne Marie de Gonzague, sœur de la reine de Pologne, âgée alors de cinquante ans, et qui avoit épousé, en 1645,