Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

si un des serviteurs de la vieille dame, qui alloit chez le marquis pour s’acquitter d’une commission, ne l’eût vue à la fenêtre. Il n’en fit pas paroître son étonnement, et elle, qui l’avoit aperçu, s’étoit incontinent retirée ; mais lorsqu’il fut de retour à son logis, il déclara le tout à la bonne femme, qui du commencement en eut du chagrin, mais qui pourtant s’en consola ; néanmoins elle bannit le marquis de sa maison, et ne l’a pas voulu voir depuis. Il ne laissoit pas pour cela de bien passer son temps auprès de sa maîtresse. Et comme il se souvint qu’elle aimoit fort les vers, et qu’il ne cherchoit qu’à la divertir, il lui fit les suivants sur la première nuit qu’il l’avoit possédée.

Or ça, je te tiens, mon cœur,
Guillemette mon bonheur,
Guillemette ma rebelle,
Ma charmante colombelle.
Mon cher cœur, voici le temps,
Qui nous doit rendre contens,
Nous donnant la jouissance
De notre longue espérance.
Donc, à l’honneur de Cypris,
Passons cette nuit en ris ;
Et dans ces douces malices,
Nous trouverons nos délices.
Quoi ! cruelle, qu’attens-tu ?
Las ! que ne me permets-tu,
Que ne permets-tu, farouche,
Que je te baise la bouche ?
Las ! Guillemette, dis-moi,