Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/126

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Labourant et semant d’une peine diverse.
La mer, le feu, la femme avec nécessité,
Sont les trois plus grands maux de ce monde habité.
Le feu bientôt s’éteint ; mais le feu de la femme
La brûle incessamment, et n’éteint point sa flamme.
Ainsi, crois-moi dessus ce point,
Mon cher ami, n’y songe point.

Le marquis eut du chagrin que la chose n’avoit pas réussi ; cependant ils s’en consolèrent par la continuation de leurs amours.

Mais comme par résistance
On augmente le désir,
Ainsi dans la jouissance
On perd bientôt le plaisir.[1]

  1. Var. : Ici la 1re édition intercale un long passage mêlé de prose et de vers. Le voici :

    « Ce fut environ vers ce temps-là qu’un jeune homme, venu depuis peu des Universités, et qui ne savoit pas l’intrigue du marquis avec Guillemette, en devint effectivement amoureux, et l’auroit infailliblement épousée sans un accident qui arriva et qui ne lui permit pas de douter de la bonne intelligence qui étoit entre sa maîtresse et le marquis de Chevreuse. Cet accident fut une certaine enflure de ventre causée à la pauvre Guillemette par un commerce trop fréquent avec son marquis. Elle ne s’en fut pas plus tôt aperçue qu’elle l’avoua d’abord à celui qui en étoit l’auteur. Et cependant, pour tromper le jeune bachelier, dont elle espéroit de faire un mari, elle feignit d’être malade d’une hydropisie. Son amant le crut quelque temps, mais enfin on lui dessilla les yeux. Certaines manières libres qu’il avoit remarquées entre Guillemette et le marquis le firent entrer dans de grands soupçons, et une confidente affidée qui étoit dans la maison du marquis lui découvrit le pot aux roses et la véritable cause de cette hydropisie prétendue. Elle en guérit au bout de neuf mois ; et quoique la chose fût assez