Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/138

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à avoir une place assez avantageuse chez madame de Montespan[1], et elle y réussit enfin, car elle lui en procura une de gouvernante dans une maison de qualité ; mais c’étoit en Portugal, et il falloit s’y transporter, à quoi elle consentit volontiers ; et pendant que tout se préparoit pour le voyage des personnes qui la devoient emmener, elle fut par diverses fois chez madame de Montespan pour remercier sa cousine et tâcher d’avoir une audience auprès de cette favorite, ce qu’elle obtint par sa faveur[2], et sut si bien prendre madame de Montespan qu’elle voulut la voir une seconde fois. Elle lui plut tellement que, croyant qu’elle pourroit lui être utile à quelque chose, elle la retint[3], et ayant fait rompre le voyage en Portugal,

  1. Réduite à la misère par la mort de son mari, parce que la pension que lui faisoit la Reine cessa bientôt de lui être payée, madame Scarron se retira dans un couvent, « à la Charité des femmes, dit Tallemant, vers la place Royale, par le crédit de la maréchale d’Aumont, qui y a une chambre meublée, qu’elle lui prêta. » M. de Monmerqué rectifie Tallemant, et nomme la maréchale d’Albret au lieu de la maréchale d’Aumont. (Voy., pour plus de détails, Ed. Fournier, notes sur le Mémoire du P. Laguille, dans les Variétés histor. et littér., t. 8, p. 30.)
  2. C’est par madame de Thianges, sa sœur, que madame de Montespan connut madame Scarron. Elle lui obtint d’abord du Roi le rétablissement de sa pension, que Louis XIV lui rendit, avec ces paroles : « Madame, je vous ai fait attendre bien longtemps. J’ai été jaloux de vos amis, et j’ai voulu avoir ce mérite auprès de vous. » (Voy. Walckenaër, Mémoires sur madame de Sévigné, t. 3. p. 95-97, et t. 5, ch. 11 et les notes. Cf. Somaize, Dict. des Précieuses, t. 1, p. 221.)
  3. Madame Scarron devoit accompagner la princesse de Nemours, qui alloit faire en Portugal ce mariage qui fut cassé pour fait d’impuissance de la part de son mari, et madame Scarron auroit été sous les ordres de la dame d’honneur