Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/155

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s’y maintenir elle devoit s’acquérir les bonnes grâces des révérends pères Jésuites, et en particulier l’amitié du confesseur du Roi, ce qui ne fut pas fort difficile, parce que les révérends pères avoient un même désir. Il y eut pour ce sujet plusieurs assemblées des plus notables du corps au collége de Montaigu ; mais enfin], ils ne trouvèrent pas de meilleur moyen pour fixer le Roi à madame de Maintenon et l’attacher entièrement à la Société que de faire trouver bon à ce grand monarque de faire avec elle un mariage de conscience, et de l’épouser secrètement de la main gauche[1], puisque c’étoit la seule maîtresse qui lui étoit restée et qui apparemment lui plaisoit le plus. Cet avis ne fut pas rejeté ; au contraire, il fut généralement approuvé ; et comme il n’y avoit que le père La Chaise, son confesseur, qui pût disposer les affaires pour l’accomplissement de ce mariage, l’on trouva bon, avant toutes choses, de le charger d’en dire quelques mots à cette dame et de lui faire espérer cet honneur, pourvu qu’elle voulût bien se dévouer entièrement à la Société. Le père Bourdaloue (qui avoit l’avantage de lui plaire par ses prédications)

  1. « Le Roi l’épousa, dit Saint-Simon, au milieu de l’hiver qui suivit la mort de la Reine (morte en 1683). »—« La satiété des noces, toujours si fatale, continue le même écrivain, et des noces de cette espèce, ne fit que confirmer la faveur de madame de Maintenon. Bientôt après, elle éclata par l’appartement qui lui fut donné à Versailles, au haut du grand escalier, vis-à-vis de celui du Roi, et de plain-pied. » Notons que madame de Maintenon, de trois ans plus âgée que le Roi, avoit alors de quarante-huit à quarante-neuf ans. Nous retrouvons ici le P. de La Chaise. Ce fut lui qui offrit, de la part du Roi, un mariage dont madame de Maintenon garda le secret plus fidèlement que le Roi lui-même.