Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/16

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que notre monarque, nous ne devons pas nous étonner de voir qu’il a leur penchant et leur inclination.

Avant que de parler de la personne qui fait à présent[1] ses plaisirs, il est bon d’apprendre comment la place qu’elle occupe est devenue vacante, et par quel accident le sceptre royal a changé de mains. Il faut donc savoir que, madame de M. T. P.[2], que nous appellerons dans la suite Astérie, étant une des plus belles et des plus spirituelles du sexe, il ne faut pas être surpris si elle a fait pendant un si long temps l’unique attachement de son prince. En effet, on peut dire qu’elle doit encore plus à son esprit qu’à sa beauté le degré d’élévation où elle s’est vue ; elle l’a d’une trempe telle qu’il le faut pour la Cour, et elle sait feindre et dissimuler ; et les grandes correspondances qu’elle a toujours eues, et qu’elle entretient encore à présent avec les personnes les plus spirituelles des autres royaumes, en sont des preuves trop évidentes pour être contredites.

C’est avec ce génie merveilleux qu’elle s’est rendue la maîtresse du Roi et qu’elle a si bien su en ménager l’amour, qu’elle l’a possédé sans partage et a donné l’exclusive à celle qui avoit ses premières inclinations. Elle ne s’est donc pas plus tôt vue dans ce haut rang de gloire, qu’elle

  1. Ce mot « à présent » montre assez que ce récit a été écrit avant la mort de mademoiselle de Fontanges. Comment donc expliquer la négligence des éditeurs modernes ? Supprimant le passage par lequel se termine l’édition primitive, et qui s’accorde avec ce début, ils y ont substitué un extrait de la France galante où est racontée la mort de la favorite.
  2. Madame de Montespan.