Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/163

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vieille, le Roi, qui a une longue jeunesse, ne se dégoûtât d’elle comme de plusieurs autres, elle fut assez fine et industrieuse pour ériger la congrégation des jeunes demoiselles de Saint-Cyr[1], afin de pouvoir en tout temps divertir le Roi et lui fournir de nouveaux objets qui pussent lui plaire. L’on peut dire à la louange de madame de Maintenon qu’elle n’a jamais été de ces maîtresses importunes, ni de ces femmes fâcheuses et goulues qui n’en veulent que pour elles. Je sais bien que les critiques traitent cette maison de sérail[2], mais ils ont tort, car plusieurs demoiselles en sortent aussi pucelles qu’elles y sont entrées. Cependant madame de Maintenon a cru par là de se rendre la maîtresse des petits plaisirs du Roi, et d’avoir trouvé un moyen de se maintenir en tout âge dans les bonnes grâces de Sa Majesté, qui, en matière d’amourettes, a toujours aimé les plus commodes. Je ne m’étudierai pas ici à rapporter tout ce qui se passe en particulier dans cette belle maison, où tout le monde n’a pas permission d’entrer ; mais je sais très bien, sur de très bons rapports, que dès aussitôt que le Roi a jeté les yeux sur quelque Nymphe, que madame de Maintenon prend un grand soin de la catéchiser et de l’instruire de la manière qu’elle doit recevoir l’honneur que le Roi lui fait. Ce qu’il y a de bon dans cette illustre école, c’est que le secret y règne, car chacun est bien aise de sauver les apparences pour se pouvoir marier

  1. Voy. l’histoire de cette maison par M. Théophile Lavallée.
  2. Nous n’avons pas à réfuter cette infamie autrement qu’en la faisant remarquer.