Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/171

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petit service, qu’elle n’avoit aucune part à toutes les violences qui se commettoient dans les provinces, ni aux excès dont on accuse les dragons : Poco di bene, e poco di male. Madame de Montespan ayant donc pris résolution de s’employer tout de bon pour cette demoiselle, elle rêva assez longtemps comme elle s’y prendroit pour en venir à bout, connoissant la conscience tendre de Sa Majesté et sa délicatesse sur ce sujet, lequel croit qu’autant de personnes à qui il donne congé, ce sont autant d’âmes qu’il laisse échapper du paradis. Aussi ne fait-il rien sur semblables affaires qu’il n’ait consulté son conseil de conscience, qui ne l’abandonne que fort peu[1]. Madame de Montespan crut donc qu’il falloit en prévenir le R. P. La Chaise[2], qui est considéré présentement en cour comme le lieutenant de saint Pierre ; et c’est presque lui seul qui ouvre et ferme le paradis du côté de France. Pour ce faire, cette bonne dame crut qu’elle ne pouvoit mieux s’adresser qu’à madame de Maintenon, laquelle, par humilité, se dit fille indigne de la vénérable société[3] ; et comme elle avoit autrefois été sous elle et mangé de son pain, elle crut aussi qu’elle ne refuseroit pas de s’employer avec chaleur pour son ancienne maîtresse, qui avoit été la cause première de la fortune dont elle jouit présentement. Mais elle se trouva trompée, car, comme dit le

  1. Le conseil de conscience examinoit et traitoit toutes les affaires qui, avant qu’il fût créé, étoient portées devant le secrétaire d’État pour les affaires ecclésiastiques ou le confesseur du Roi.
  2. Voy. ci-dessus, p. 137.
  3. Voy. ci-dessus, p. 138.