Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/177

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vous m’aimez toujours autant que vous l’avez protesté, permettez-moi que je vous baise. » Là-dessus la Maintenon, fine et subtile, lui dit : «Madame, l’on ne baise pas des vieilles. »

Alors madame de Conti connut assez que la mine étoit éventée, et, quelque protestation qu’elle fît, il n’y eut pas moyen de la réconcilier, et ainsi elles se quittèrent fort froidement.

Madame de Conti en eut de la mortification, et, dans le chagrin où elle étoit, étant de retour chez elle, elle écrivit ce billet au Dauphin :

Monseigneur,


Suivant votre conseil, je viens de rendre visite à la dame de Maintenon ; mais je ne puis vous exprimer la froideur avec laquelle nous nous sommes séparées : son dédain et manque de respect m’obligent à vous dire que, si je n’avois des considérations pour le R.., je puis vous assurer que je lui donnerois des marques de mon ressentiment. Celle qui vous remettra ce billet vous dira le reste. Adieu.

Après le départ de la princesse, et que l’esprit de la Maintenon (à laquelle cette visite avoit causé quelque émotion) fut un peu remis, madame de Montespan prit la parole, lui disant : « Quand je considère bien ce que je viens de voir et d’entendre, je me représente la fable de l’âne qui portoit une idole dessus son dos, pour laquelle les peuples avoient beaucoup de vénération,