Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/236

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à tirer sa bourse, elle se trouva vide, au grand étonnement de l’un et à la grande confusion de l’autre. Elle se déroba de ses bras avec un dépit plus aisé à comprendre qu’à représenter ; et comme il faisoit quelques efforts pour la retenir et qu’il lui donnoit encore des baisers languissants : « Que voulez-vous faire, Monsieur ? lui dit-elle, et cherchez-vous à me donner de plus grandes marques de votre impuissance ! — Je cherche à mourir, Madame, lui répondit le duc de Sault, ou à réparer mon honneur ; et il faut que l’un ou l’autre m’arrive dans un moment. — Est-ce d’une mort violente que vous prétendez mourir ? lui dit-elle en se moquant de lui. Si cela est, vous avez besoin d’une corde, car il ne faut pas croire que votre épée suffise pour cela. Et de fait, après n’avoir pas trouvé une seule goutte de sang sur vous lorsque vous en aviez tant besoin, à plus forte raison n’en trouveriez-vous pas davantage lorsque vous vous porteriez à une action si contraire à la nature. » Elle fut se jeter sur une autre pile de carreaux en achevant ces paroles, et, pour cacher son dépit, elle prit entre ses mains un écran qui se trouva par hasard auprès d’elle. Le hasard voulut encore justement que ce fût un de ceux où les barbouilleurs qui travaillent à ces sortes de choses avoient peint l’histoire du marquis de Langey[1], qui avoit été démarié à cause de son impuissance. Le congrès ordonné par le Parlement y étoit marqué comme le reste, et madame de Lionne y ayant jeté les yeux : « Vous voici dépeint, lui dit-elle, on ne peut pas mieux, et si

  1. Voy. ci-dessus, t. II, p. 436.