Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/240

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Madame de Lionne ne le voulut pas laisser sortir sans lui faire une nouvelle raillerie : « Au moins, lui dit-elle, ne croyez pas que pour ce qui vient d’arriver je ne veuille pas être de vos amies. Une marque de cela, c’est que je vous ménagerai auprès de ma fille ; bien loin de lui dire que vous l’aimez, je ferai en sorte que vous ne vous trouviez jamais tête à tête avec elle. Ce sera le moyen de conserver votre réputation et d’entretenir la bonne opinion qu’elle peut avoir de vous. Je crois, continua-t-elle, que c’est le meilleur service que je vous puisse rendre en l’état où vous êtes, et je prétends bien aussi que vous m’en ayez obligation. »

Le duc de Sault ne jugea pas à propos de lui répondre, et s’en étant allé du même pas chez La Vienne : « Tu me viens de perdre de réputation, lui dit-il, avec ton maudit Polville, et je brûlerai la maison, et toi dedans tout le premier, si tu ne promets de jeter dans l’eau tout ce qui t’en reste. » La Vienne, qui le voyoit en colère, ne savoit ce que cela vouloit dire ; mais le duc de Sault lui ayant conté son malheur, sans lui dire néanmoins le nom de la personne : « Ma foi, lui dit La Vienne, vous nous la donnez belle avec votre Polville ; demeurez ici seulement trois ou quatre jours sans voir Louison d’Arquien, le comte de Tallard[1] ni personne qui leur ressemble, et vous

  1. Camille d’Hostun, duc de Haston, marquis de La Beaune, comte, et, en janvier 1703, maréchal de Tallard, étoit fils de Roger d’Hostun, comte de Tallard, et de Catherine de Bonne. Né en 1652, le comte de Tallard avoit à peine dix-sept ou dix-huit ans à l’époque qui nous occupe. Nous le retrouverons dans La France devenue italienne.