Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/243

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d’en parler ; mais qu’à l’égard de la Du Mesnil, il étoit bien aise de l’avertir de bonne heure de ne la pas faire venir chez lui pour faire de sa maison une maison de scandale et de débauche ; qu’ils y boiroient et mangeroient tout leur saoul, mais, pour le reste, il n’avoit que faire de s’y attendre.

Il s’en fut après cela où le duc de Sault lui avoit dit ; et les conviés n’ayant pas manqué de s’y rendre avec la Du Mesnil, on fit si bonne chère que le duc de Sault sentit dès ce jour-là que le charme du Polville ne dureroit pas longtemps. Sur la fin du repas, c’est-à-dire entre la poire et le fromage, on leur vint dire qu’un homme demandoit le marquis de Sablé. On lui fit dire d’entrer s’il vouloit ; et l’on fut tout surpris de voir un garde de messieurs les maréchaux de France[1]. Il dit au marquis de Sablé qu’il avoit ordre de le mener au Fort-l’Evêque[2], ce qui effraya la compagnie, qui ne savoit pas qu’il lui fût arrivé aucune affaire. Pour lui, il n’en fit que rire ; et comme on s’apprêtoit de lui en demander le sujet : « Va, va, retourne t’en, dit-il à ce garde, dire à ton vieux fou de maréchal que nous allons boire

  1. Voy. t. 2, p. 443.
  2. Le fort l’Evêque étoit surtout une prison pour dettes. Il étoit situé au milieu de la rue Saint-Germain-l’Auxerrois. Antérieurement, c’étoit le siége de la juridiction épiscopale ; mais, dit Hurtaut, comme il y avoit dans Paris dix-neuf juridictions de seigneurs, l’incertitude de leurs limites causoit souvent des conflits. Par édit de février 1674, toutes ces juridictions furent réunies à celle du Châtelet. On conserva seulement les justices d’Enclos, comme celles de l’archevêché, etc. A l’époque qui nous occupe, il semble qu’il reçut les gentilshommes punis par le tribunal d’honneur des maréchaux de France.