Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/360

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fit grâce pour cette fois, à condition que s’il y retournoit il n’y auroit plus de miséricorde. Ce fut là la première règle de leur confrérie ; mais la plupart ayant dit que leur ordre allant devenir bientôt aussi grand que celui de Saint-François, il étoit nécessaire d’en établir de solides, et auxquelles on seroit obligé de se tenir, le reste approuva cette résolution, et il ne fut plus question que de choisir celui qui travailleroit à ce formulaire. Les avis furent partagés là-dessus, et comme on voyoit bien que c’étoit proprement déclarer chef de l’ordre celui à qui l’on donneroit ce soin, chacun brigua les voix et fit paroître de l’émulation pour un si bel emploi. Manicamp[1], le duc de Grammont[2] et le chevalier de Tilladet[3] étoient ceux qui faisoient le plus de bruit dans le chapitre, et qui prétendoient s’attribuer cet honneur, à l’exclusion l’un de l’autre : Manicamp, parce qu’il avoit plus d’expérience qu’aucun dans le métier ; le duc de Grammont,

  1. Voy. t. 1, p. 68.
  2. Le duc de Grammont, fils du maréchal et frère du comte de Guiche, dont il a été plusieurs fois parlé dans ces volumes, ne reçut le titre de duc de Grammont qu’après la mort de son père, qui mourut en 1678, six ans après la mort de son fils aîné, tué au passage du Rhin. Le duc dont il est parlé ici, connu auparavant sous le nom de comte de Louvigny, avoit épousé, le 15 mai 1668, Marie-Charlotte de Castelnau, fille du maréchal de ce nom.
  3. Une sœur du chancelier fut mariée avec le marquis de Tilladet, qui fut chassé de la cour après le supplice de Cinq-Mars : celui-ci eut plusieurs enfants, entr’autres Gabriel de Cassagnet, dit le chevalier de Tilladet, chevalier de Malte en 1646, lieutenant-général des armées du Roi comme l’avoit été son père et comme le fut un de ses frères, et gouverneur d’Aire, etc. Il mourut le 11 juillet 1702.