Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/39

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Or, ces guerrières se rendirent
Dans le lieu du conseil le jour qu’on avoit pris.
On y parla du cœur d’Iris,
Et quelques unes, d’abord, dirent
Qu’il étoit honteux à l’Amour
De laisser encor plus d’un jour
Cette place en état de pouvoir se défendre ;
Qu’il falloit désormais ou périr ou la prendre ;
Qu’en vain l’Amour avoit fait tant d’exploits
Si ce cœur refusoit d’obéir à ses lois.
Quelques autres, plus retenues,
Leur répondirent hautement
Que bien que ces raisons fussent assez connues,
On devoit agir prudemment ;
Qu’on ne prenoit pas de la sorte
Une place si forte,
Et que le cœur d’Iris
Pouvoit bien plus d’un jour
Opposer ses remparts aux forces de l’Amour ;
Que la place étoit bien gardée,
Que par la Vertu même elle étoit commandée,
Et que l’Amour avoit été battu
Plus d’une fois par la Vertu.
L’Amour avoit trop de courage
Pour s’arrêter à cet avis,
Et, sans haranguer davantage,
Il voulut que les siens fussent d’abord suivis.
La Valeur lui faisoit entendre
Qu’il est beau de tout entreprendre
Pour posséder le cœur d’Iris,
Et tenoit pour indubitable
Qu’il n’est point de cœur imprenable,