Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/472

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il ne lui diroit autre chose sinon qu’il lui auroit une obligation infinie de se faire un peu de violence pour l’amour de lui, et qu’en revanche il pouvoit compter sur ses services et sur son amitié.

Biran étoit des amis de l’archevêque ; mais, ayant peine à digérer un morceau comme celui-là, il lui fit réponse qu’il s’étonnoit qu’il lui demandât d’avoir quelque égard pour une femme qu’il avoit tant de sujet de haïr, surtout après la déclaration qu’il venoit de lui faire lui-même ; qu’il falloit du moins le laisser dans l’incertitude, et non pas l’accabler par un aveu si choquant ; qu’il tomboit d’accord que les dames n’étoient pas obligées d’aimer toujours, mais que, si elles vouloient qu’on en usât honnêtement avec elles, il falloit que de leur côté elles en usassent bien aussi avec ceux à qui elles avoient donné leur amitié ; que, si la duchesse d’Aumont vouloit rompre avec lui, elle devoit du moins l’en avertir auparavant ; mais de n’apprendre les choses, comme il venoit de faire, que quand elles étoient faites, c’étoit le pousser un peu trop pour qu’il pût répondre de sa discrétion.

C’étoit quelque chose de surprenant que de voir deux rivaux raisonner ainsi ensemble sur leur bonne fortune ; mais la différence de profession de l’un et de l’autre faisoit qu’il n’y avoit rien à craindre ; outre que l’archevêque étoit en possession, à cause du crédit de son frère, de se faire porter respect. En effet, cela fut cause que Roquelaure se modéra plus qu’il n’auroit fait avec un autre. Cependant il ne lui voulut