Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/513

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étoit assez fier pour en parler lui-même à l’archevêque, et pour lui faire honte de sa turpitude ; mais, considérant qu’il avoit affaire à un homme qui ne se payoit pas de raison, il en parla au marquis de Louvois, et lui demanda justice. Ce ministre lui dit qu’il étoit bien fâché de ne pouvoir rien faire là-dessus ; que son frère n’écoutoit que sa passion ; c’est pourquoi, d’abord qu’il lui en parleroit, il croyoit en être quitte pour nier toutes choses ; qu’il le feroit cependant ; mais que, s’il ne pouvoit rien gagner sur lui, comme il y avoit beaucoup d’apparence, il lui conseilloit de s’en plaindre au Roi.

Le maréchal trouva qu’il parloit de bon sens ; cependant, lui ayant fait connoître que toute la famille avoit intérêt que la chose ne se répandît pas dans le monde, il le conjura non-seulement de faire tous ses efforts pour le faire rentrer en lui-même, mais encore d’y travailler promptement. Le marquis de Louvois le fut trouver aussitôt ; mais d’abord qu’il eut ouvert la bouche, l’archevêque lui reprocha que ce qu’il en faisoit n’étoit que par jalousie, et que, tout riche qu’il étoit, il étoit encore assez intéressé pour craindre que sa succession ne lui échappât. Le marquis de Louvois, sachant que tout ce qu’il lui pourroit répliquer seroit inutile, le laissa là, et fut redire au maréchal la conversation qu’il avoit eue avec lui. Il étoit cependant si outré que, sans considérer le tort qu’il lui feroit, il consentit que le maréchal en parlât au Roi. Cela fut fait à l’heure même. Le maréchal ayant demandé un moment d’audience à ce prince, il se jeta à ses pieds et le pria de ne pas souffrir que l’archevêque déshonorât