Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/69

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ils font quelque chose qui n’est guère plus sérieux.

[[1]Bien que les choses qui sont d’une ardeur si violente ne semblent pas devoir être de longue durée, nous avons néanmoins sujet de croire que comme c’est la beauté, l’esprit et le mérite d’une personne toute charmante, qui ont fait cet attachement, il subsistera tant qu’elle conservera les mêmes avantages.

Si nous faisons un juste parallèle du mérite de notre héroïne avec les qualités de celles qui l’ont précédée dans son emploi, nous trouverons que sans le secours de sa beauté elle les surpasse toutes. Ceux de la Cour qui se piquent d’être savants dans le discernement des esprits disent que le sien ne peut être plus accompli, qu’il a en même temps les lumières et le brillant de celui de La Vallière[2], et le fond et le solide de celui d’Astérie. S’ils ne se trompent point dans le jugement qu’ils en font, il est à croire que, ramassant de la sorte en soi toutes les perfections qui

  1. Toute la fin de cette histoire, écrite du vivant de mademoiselle de Fontange, a été changée dans les éditions faites après sa mort. Nous avons suivi le texte le plus ancien. On a lu dans la France galante tous les passages que les éditeurs maladroits de 1754 en ont détachés pour les recoudre à ce récit, dont ils ont dénaturé la rédaction primitive.
  2. Madame de Sévigné a fait aussi la comparaison de mademoiselle de Fontange et de madame de La Vallière, mais tout à l’avantage de la seconde : «La belle beauté, dit-elle (mademoiselle de Fontange) est si touchée de sa grandeur qu’il faut l’imaginer précisément le contraire de cette petite violette (mademoiselle de La Vallière) qui se cachoit sous l’herbe, et qui étoit honteuse d’être maîtresse, d’être mère, d’être duchesse : jamais il n’y en aura sur ce moule. » (Lettre du 1er septembre 1680.)