Page:Byron - Œuvres complètes, trad. Laroche, II.djvu/482

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dormaient sur l’abîme que rien ne soulevait plus ; les vagues étaient mortes ; les marées étaient dans la tombe, où les avait précédées la Lune leur reine ; les vents s’étaient flétris dans l’air stagnant, et les nuages n’existaient plus ; les Ténèbres n’en avaient plus besoin, — les Ténèbres étaient l’univers.


NOTES.

1. Cette pièce, dans le manuscrit original, est intitulée le Rêve.

2. Dans ce poëme, lord Byron a abandonné ce système, qui lui est propre, de montrer toujours au lecteur le but où il tend, et il s’est contenté d’offrir une masse d’idées puissantes disposées sans ordre et dont il est difficile de saisir la liaison ; une foule d’images terribles se pressent et se confondent devant nous comme dans le rêve d’un homme qui a le délire, chimères épouvantables à l’existence desquelles l’esprit refuse de croire, qui étourdissent le lecteur et troublent même l’esprit de ceux qui sont les plus accoutumés aux bizarreries de la muse. Le sujet est l’envahissement de la terre par les ténèbres, qui sont appelées, comme dans Shakspeare, — le fossoyeur de la mort. — La réunion d’images terribles que le poëte a placées devant nous ne fait que mieux sentir l’extravagance du plan. À dire vrai, ces créations fantastiques sont dangereuses pour l’imagination d’un poëte aussi exalté que Byron, dont le Pégase avait plutôt besoin du frein que de l’éperon. L’infini dans lequel elles laissent le poëte et le manque de précision les rendent pour la poésie ce que le mysticisme est pour la religion. La pensée du poëte n’en devient que moins saisissable, et après s’être mis au-dessus de l’intelligence ordinaire, il finit par ne plus se comprendre lui-même. En vain le poëte entasse-t-il les images poétiques, c’est comme si un peintre voulait prendre pour canevas un nuage qui passe. Walter Scott.

N’en déplaise à l’illustre critique, nous ne voyons rien de confus, rien d’inintelligible dans ce poème. C’est une énergique, une effrayante peinture du dernier jour du monde, amené par l’extinction de la chaleur solaire. Note du Traducteur.


FIN DU DEUXIÈME VOLUME.







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