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LE COCHER



LA belle vie que celle de cocher, flâner, persiffler, batifoler tout le jour, insouciants comme ces beaux poissons dorés qui se chauffent au soleil, sur les rochers à fleur d’eau. Heureux cocher, va !… L’air gouailleur, l’éclat de rire sarcastique, ils suivent les évolutions de la foule, cinglant le ridicule de chacun d’un mot incisif, brutal, qui lacère comme un coup de fouet. Pas un détail de toilette ne leur échappe. L’épanouissement floréal des robes d’été a le don de les mettre en gaîté. À chaque femme qui passe, ils croient avoir le droit de penser tout haut leurs impressions : La belle créature ! Mais elle a l’air de le savoir une miette — Ris pas, la petite, tu vas montrer tes dents que t’as pas ! — Quel patron, hein, vieux loup ?

Malheur, si ayant une sacoche au bras, vous interrogez l’horizon, histoire de savoir où souffle le vent. Vingt automédons se précipitent sur vous, hurlent, vocifèrent comme des sauvages :