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LA BLANCHE CITÉ


Maître de la nature, artiste génial,
Sur la lyre d’Éole aux cordes de cristal
Tu chantes des hivers la blanche symphonie
Boréale cantate, enivrante harmonie !
 
Vois le temple d’albâtre, illuminé de feux
Les panaches de glace irréels, merveilleux,
Les chandeliers d’argent ouvrés de filigrane
Et la nappe d’amour d’un tissu diaphane.

Sous le dais d’un ciel bleu, le brillant ostensoir
Déverse dans les cœurs la lumière et l’espoir,
Las ! la blanche féerie aura cessé de vivre
Lorsqu’en larmes demain s’égouttera la givre.

Passagère beauté ! Neige, fleurs et duvet,
Comme l’illusion dont notre âme se vêt
Floraison des printemps, merveilles d’un beau songe,
Splendeur d’une journée, éphémère mensonge !