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bleu — blanc — rouge

Car les sourdes clameurs de ce plat écuyer
Ne troublent son sommeil bercé par les nuages !
Quand l’éclair fulgurant zèbre le noir éther,
Il se rit du tonnerre ainsi que des orages
Qui soulèvent vers lui les vagues de la mer.
Ô sublime vengeance ! Il arrache à l’espace
Une étoile de feu, diamant infini,
Et nouveau Prométhée, avec sa fière audace
Debout sur le trépied, son large front pâli.
Il incruste le gemme au diadème d’or
Que porte avec orgueil notre mère la France.
Ô mystère d’amour ! il trouve place encor
Pour un nouveau rayon, sur ce front d’espérance.

Dans l’ombre de l’exil, expire Crémazie.
Les cordes de son luth se brisent en sanglots
Le peuple réveillé par cette poésie
Qui nous vient de là-bas dans un soupir des flots,
Sent réchauffer sa flamme au drapeau tricolore.
Je salue avec toi l’astre de l’avenir
Empourprant les tombeaux d’une immortelle aurore.
De la blanche cité, la clarté va surgir.
Là dorment nos aïeux dans leur linceul de gloire.
Mais un frisson divin fait tressaillir leurs os,
Ils se dressent debout au chant de la victoire.
Benjamin Sulte, crains le courroux des héros !…
L’insensible poussière élève encor la voix
Comme les sons d’un glas, coupés de lourd silence
Elle voue à la mort, aux funèbres effrois.
L’odieux courtisan qui bave sur la France !