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bleu — blanc — rouge

il fait chanter les oiseaux et prend l’argent qu’on jette dans le tronc, comme à la quête du dimanche, puis il achète des étrennes au petit Jésus avec, n’est-ce pas, maman ? Qu’est-ce qu’il lui achète donc ?

— Un… une robe plus chaude pour l’empêcher de grelotter.

— Ah !… Qu’est-ce que tu lui dis donc si longtemps, tout bas, au petit Jésus ? Tu fais comme Georgette qui parle à sa poupée, car il est en cire, aussi. Je lui ai touché, tiens, et ses yeux sont en vitre. Il n’a pas grandi depuis l’an dernier. Pourquoi qu’il est toujours pareil, le petit Jésus ? Réponds-donc, maman !…

Chercheur et sceptique déjà, pauvre innocent ! Après avoir éventré ton polichinelle pour regarder ce qu’il y a dedans, et décroché la grande horloge afin de savoir la cause du tic-tac. Adolescent, tu cherches encore, tu ouvres les bras pour étreindre une lointaine vision qui te paraît belle et tentante : la Vérité… Mais elle fuit ta lèvre avide comme la pulpe vermeille d’un fruit de Tantale. Quand pour la trouver tu auras interrogé Moïse, Zoroastre, Pythagore, Socrate, Confucius, Bouddha, Mahomet, et déchiré le voile du mythe, alors tu comprendras la jeunesse éternelle du Christ, symbolisée par l’enfant de la crèche : tu reviendras à Lui, vaincue par l’amour dont l’étoile brillera toujours au dessus de l’étable pour éclairer le monde. Au couchant du siècle, à l’aurore du nouveau, l’étendard du Christ se lève toujours jeune, toujours beau et flotte dans l’air libre.

Adveniat regnum tuum. Plus de remparts, plus d’armées, plus de sang versé ! L’amour entre les hommes devenus des frères, la paix universelle. Ton rêve, ô Christ-Jésus, le cri de ton cœur !