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FRANCE… TOUJOURS !


Réponse à Canada d’abord.


COMME vous, jolie fauvette, j’aime le sol de ma patrie, fécondé par le sang des martyrs français, et je comprends la plainte de l’Exilé qui ne peut poser ses lèvres sur le monument de marbre où reposent les défenseurs de nos droits ! J’aime nos grandes forêts s’éveillant chaque année en joyeuses clameurs, avec le retour de la sève printanière ! J’aime l’érable national pleurant la joie de vivre et d’aimer en larmes d’or que l’abeille humaine convertit en nectar. J’aime l’ombre mystérieuse qui tombe de son front couronné, aux jours de mai, protégeant les amoureux contre les regards indiscrets. Fuyant les brûlures de l’asphalte, j’aime la paix de nos grands champs d’où le murmure étouffé des villes nous arrive comme le grondement lointain des chutes ! J’aime…

Mais quand j’étalerais l’écrin de mes amours, tout cela prouverait-il que nous ne sommes pas français ? Ce sentiment poétique qui gît à l’état latent chez le plus humble de nos campagnards, cet enthousiasme des nôtres