FRANCE… TOUJOURS !
OMME vous, jolie fauvette, j’aime le sol de ma patrie,
fécondé par le sang des martyrs français, et je comprends
la plainte de l’Exilé qui ne peut poser ses lèvres
sur le monument de marbre où reposent les défenseurs de
nos droits ! J’aime nos grandes forêts s’éveillant chaque
année en joyeuses clameurs, avec le retour de la sève
printanière ! J’aime l’érable national pleurant la joie de
vivre et d’aimer en larmes d’or que l’abeille humaine
convertit en nectar. J’aime l’ombre mystérieuse qui
tombe de son front couronné, aux jours de mai, protégeant
les amoureux contre les regards indiscrets. Fuyant
les brûlures de l’asphalte, j’aime la paix de nos grands
champs d’où le murmure étouffé des villes nous arrive
comme le grondement lointain des chutes ! J’aime…
Mais quand j’étalerais l’écrin de mes amours, tout cela prouverait-il que nous ne sommes pas français ? Ce sentiment poétique qui gît à l’état latent chez le plus humble de nos campagnards, cet enthousiasme des nôtres