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Page:Côté - La Terre ancestrale, 1933.djvu/106

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la terre ancestrale

VI

L’intrigue dans la beauté

La rentrée des foins s’achevait.

Généralement, les personnes non initiées croient que cette période est terrible pour le cultivateur. Elles le voient trimer depuis le lever jusqu’au coucher du soleil ; elles se le figurent ruisselant de sueurs, travaillant comme sous la conduite d’un garde-chiourme, toujours prêt à défaillir sous une tâche plus grande que ses forces. Pour un observateur, ces travaux sont loin de paraître une corvée surhumaine. La disparition de la rosée commande seule le départ pour la prairie. Chez plusieurs, les chevaux exécutent maintenant le plus gros du travail : fauchage, fenaison et déchargement sur le fenil. L’ouvrage à la fourche est loin, non plus, de tuer son homme. Regardez avec quel entrain la besogne avance : le soleil est chaud, l’air embaumé ; les insectes dérangés de leurs nids, font entendre leurs crissements de partout ; une bonne brise stimule les travailleurs. Dans cette atmosphère limpide et vivifiante, sur cette terre qui lui cède ses trésors, cette manne qu’il n’a qu’à ramasser, l’homme des champs reçoit, durant son travail, un regain de vie.