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Page:Côté - La Terre ancestrale, 1933.djvu/13

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la terre ancestrale

le démon, ce soir-là, disait à Hubert :

— Oui mon vieux ! ce que nous en avons du plaisir à la ville ! Ainsi, ce soir, au lieu de niaiser sur la rue, je serais au théâtre. C’est une chose que tu ne connais pas, toi, et tu ignores ce que tu perds. Je te dis qu’un gars qui a passé une semaine par là ne voudrait plus vivre à la campagne, même pour une fortune. Ici on s’embête toujours ; c’est le sommeil ; tiens, c’est la mort, ni plus ni moins. Oui, car vivre ici tous les jours de l’année, ce n’est pas mieux que la tombe. À la campagne, si tu fais un pas de travers, tous le savent et tous te critiquent ; à la ville, tu roules, tu tournes sans jamais recevoir de reproches. Surtout, on n’est pas embarrassé par les vieux : c’est ce qui est commode.

— Oui, mais écoute Delphis : si on se conduit comme un honnête homme, que ce soit dans une place ou dans l’autre, personne n’a rien à dire. À part cela, moi, en restant à la maison, j’ai ma vie toute gagnée. Ce ne doit pas être une petite affaire que de se trouver de l’ouvrage quand on ne connaît que la culture, qu’on n’a ni métier, ni recommandations.

— Je n’en avais pas de métier moi ; trouves-tu que j’ai l’air d’un vagabond ? Il n’y a pas un homme de la paroisse aussi bien vêtu que moi. De l’ouvrage Hubert,