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L’Institut Canadien

assez embarrassée à cause de l’expropriation de la rue Notre-Dame qui avait fait perdre 4,000 $ à la société. On fit un appel à la générosité des membres de l’Institut. Huit mille dollars furent souscrits, dont la moitié par les Anglais. La bibliothèque qui contenait neuf mille volumes fut mise à la disposition du public.

En 1868, l’évêque Bourget menaça les membres qui liraient l’annuaire de la Société, rédigé en grande partie par M. Dessaulles, d’être privés des sacrements de l’Église même à l’article de la mort. Il proscrivit de nouveau la lecture des livres de l’Institut. La Société, par la voix de son président, allégua pour sa défense qu’on avait soumis le catalogue de la Bibliothèque à l’archevêque pour le prier d’indiquer les livres défendus qui s’y trouvaient inscrits, mais qu’elle n’avait jamais eu de réponse à cette proposition. Le divorce fut dès lors consacré entre l’Institut et l’Ordinaire…

Beaucoup de membres ne purent se résigner à rester sous le coup de l’interdiction et mirent des points de suspensions à leurs visites à l’Institut. Le juge Dorion, M. Geoffrion, M. Laflamme, pour ne pas compromettre le succès de leur carrière politique, se retirèrent à leur tour. À partir de 1874, la vogue de l’Institut n’eut plus que les rares soubresauts de la mèche expirante. Il s’éteignit sans cette dernière projection classique qui marque l’épuisement de l’huile. Quand la fleur a donné son fruit, on trouve tout naturel qu’elle se fane et que ses pétales soient emportés par le vent.